Pourquoi on veut changer le monde par égoïsme

Le développement personnel est une secte !
Quand tu tombes dedans tu es souvent pris par une frénésie de convertir tout le monde autour de toi (en tout cas ce fut mon cas).

Changer le monde... En voilà une curieuse idée !

Ceci est un article invité écrit par mon ami Fabien Delcourt du superbe site Epanessence.com.
Bonne lecture !

Quand je découvre le développement personnel en 2009, je suis fasciné par ce que j'apprends. Quelques années plus tard, je ne jurais que par ça et il fallait que tout le monde s'y mette...

Il y a une chose que je n'avais pas comprise.

Si tu fais partie de ces profils hypersensibles, intéressés par le développement personnel, en quête de sens dans ta vie, la suite va t'intéresser.

Je préviens, je risque de titiller des zones sensibles, je t'invite à garder une posture d'ouverture pour sentir ce qui vient résonner 🙂

Avant d'aller plus loin, qui suis-je pour te parler de ce sujet ?

Moi c'est Fabien Delcourt, auteur du livre "L'ingrédient secret de la réussite" et entrepreneur depuis 2014. J'aide les gens à mieux se connaître et à s'accepter tels qu'ils sont à travers mon site Epanessence.

Après 2 ans de vie à la Réunion, j'ai appris à ralentir, je vis désormais à la campagne, avec mon potager et mes poulettes.

Après 13 années dans le monde du développement personnel, à me chercher, à me comprendre, à me rencontrer, parce que je me suis souvent senti comme un maghrébin au milieu d'une réunion du FN.

Sur le chemin, j'ai compris 2/3 clés que j'aimerais partager avec toi aujourd’hui.


La quête frénétique de changer le monde

Changer le monde

As-tu remarqué comme on a envie de convertir les gens quand on découvre quelque chose ?

Il y une tendance naturelle chez beaucoup de gens à prêcher pour leur paroisse (moi le premier).

  • Tu découvres le véganisme, tu arrêtes la viande et tu te dis que tout le monde devrait devenir végan.
  • Tu découvres le miracle morning, tu commences à te lever à 5h tous les matins et à te dire que tout le monde devrait le faire.

Tout le monde n'est pas comme ça, mais c'est un grand classique que j'ai constaté dans le développement personnel.

Au plus tu t'enfonces dans le développement personnel, au plus tu vois ce qui "dysfonctionne" dans le monde (selon ton prisme).

  • Tu commences à lire des bouquins de non fiction et tu constates à quel point les gens consomment du contenu superficiel voire abrutissant.
  • Tu apprends la CNV et tu constates à quel point les gens sont violents dans leur communication.
  • Tu apprends l'ennéagramme et tu constates à quel point les gens ne se connaissent pas.

Fort de ce constat, tu réalises que l'école est complètement inadaptée à la vie d'aujourd'hui, que la société de consommation part en dérive... Et tu pars en croisade pour changer le monde, armé de bonnes intentions.

C'est cela qu'il m'intéresse de questionner avec toi aujourd’hui.

Commençons par la base :

Changer le monde, ça ne veut rien dire, déjà !

Qu'est-ce que tu entends par "le monde" ? Les français ? Tous les humains ? Le fonctionnement des sociétés ? Lesquelles ?
Qu'est-ce que tu veux changer dans le monde ? Les comportements sociaux ? Les modes de consommation ? Ce que disent les gens ? TOUT le système ?

Avant tout, il est capital de clarifier ton intention :  

Pourquoi est-ce que je veux changer le monde ?
D'où ça part en moi ?

Qu'est-ce que tu te dis exactement ?

  • "Il faut" changer le monde ?
  • Parce que "ça ne tourne pas rond" ?

Comment tu te sens avec ça ? 

  • Est-ce que ça te met en joie ? 
  • Est-ce que ça te stresse ?
  • Est-ce que ça te met en colère ?

En 2019 lorsque je vivais à l'île de la Réunion, je me suis beaucoup intéressé à la collapsologie (a.k.a l'effondrement des civilisations).

Ca a créé un sentiment d'urgence en moi, j'ai mis en route tout un projet et en particulier un livre que j'avais appelé "Manuel de (sur)vie à l'usage d'une espèce menacée" que je voulais diffuser à des millions d'exemplaires pour réveiller les gens.

J'ai écrit ce livre en quatrième vitesse et... je ne l'ai jamais publié. Tu vas comprendre pourquoi dans un instant.

Tout ce que j'avais lu et appris sur ce sujet avait réveillé en moi de la peur, de l'appréhension, de l'agitation. 

Cela crée un mouvement frénétique de "il faut changer le monde", "il faut se bouger le cul" et ça peut même faire de la place à tout un tas d'injonctions très "parentales" : réduis ta consommation, arrête de prendre ta voiture, arrête de manger de la viande, réduis le chocolat, utilise moins tes appareils électroniques... (que tu peux voir fleurir depuis quelques temps avec l'éco-anxiété et toutes les idéologies autour de l'écologie non écologique)

L'écologie non écologique, c'est l'idéologie qui est violente envers soi-même et envers les autres, et donc pas du tout écologique (c'est-à-dire en harmonie avec son environnement).

Ce mouvement frénétique de changer le monde peut te rendre agressif avec les autres, directif, moralisateur, imbuvable...

Mince, où est passée la bienveillance et l'accueil censés être développés avec le développement personnel ? Où est le respect de l'autre et de sa réalité ?
De quel droit on sait mieux que l'autre ce qui est bon pour lui ? De quel droit va-t-on obliger les autres humains à se contraindre et à faire comme nous ?

Au nom d'une idéologie ? D'une vérité absolue ? (dans un monde complexe comme aujourd’hui, méfiance... on sait où ça peut mener)

Quand on est là-dedans, il est temps de se rendre à l'évidence : nous sommes les seuls à être agités à "changer le monde"... Parce qu'il y a quelque chose en nous qui a peur (et cette peur est médiatiquement diffusée donc se répand comme une traînée de poudre, comme ce fut le cas entre 2020 et 2022).

Vouloir changer le monde, c'est une volonté névrotique de tout individu qui n'est pas OK avec la réalité.

Ce n'est pas mal (ou bien), par contre cela invite à aller un peu plus loin...


L'heure de se rencontrer

Quand tu fais le constat que la plupart des gens se fichent de ces considérations et continuent leur petit train-train sans se poser de question, tu fais face à un gouffre entre ce que tu sais et ce que tu constates dans la réalité.

Ce gouffre s'appelle : la claque dans la gueule de la part du réel.

C'est là que vient la partie la plus intéressante 🙂 

Cette claque du réel te renvoie tous les jours à "ce qui est".

Constater la réalité quotidienne à laquelle tu ne peux pas grand chose renvoie à un sujet qui n'est pas très populaire dans le développement personnel : l'impuissance.

Comme j'aimais ces concepts de toute puissance, de "tout est possible", de loi d'attraction... ça stimulait ce que j'avais envie de croire.

Le monde a besoin d'optimisme, bien sûr, mais cela n'est pas réaliste.

Tout n'est pas possible.

  • Tout le monde ne deviendra pas vegan (moi le premier).
  • Tout le monde ne cessera pas d'acheter Apple.
  • Tout le monde ne cessera pas d'avoir une communication agressive.
  • Tout le monde ne cessera pas d'interpréter tes propos.

Alors, pourquoi fustiger contre le réel ?

Et s'il était temps de rencontrer ce qui, en toi, résiste contre le réel ?

Personnellement, c'est le plus beau cadeau que je me suis fait.

En 2020/2021, après une dizaine d'années de développement personnel, j'ai vraiment commencé à me rencontrer.

Comment ?

J'ai arrêté de me contenter des livres et des formations.

J'ai sauté dans le grand bain : psychédéliques, thérapie et ennéagramme.

J'ai acquis une connaissance de moi bien plus précieuse que ce développement égotique que j'avais fait les années précédentes.

Faire face à mon impuissance fut l'une des étapes.

La pratique des arts martiaux, me prendre des coups dans la tête et me faire dominer au sol par des gens plus forts et plus expérimentés que moi, m'a bien aidé à vivre cette impuissance...

Suite à ça, je n'avais plus le besoin frénétique de sauver le monde, ni de sortir le livre que j'avais écrit.

Quelque chose s'est détendu en moi par rapport à ça.

Là où avant je me considérais comme un problème à résoudre (trop ceci, pas assez cela), j'ai commencé à faire le deuil de mon idéal du soi.

L'idéal du soi portait aussi sur le monde tel qu'il pourrait être.

Ce n'est pas un problème d'être idéaliste, je le suis toujours.

Le "problème", c'est de refuser la réalité et de résister à ce qui est, car alors tu te fais souffrir tout seul.

À force de baigner dans le développement personnel, tu as une idée arrêtée sur ce que tu devrais être et la maltraitance est vite arrivée.

Changer le monde, ça commence par se prendre tel qu'on est, ici et maintenant.

Tu es déjà arrivé, tu n'as pas à être quelqu’un d'autre.

Beaucoup de gens sont prisonniers du passé et du futur :

1/ Du passé, par le personnage qu'ils ont construit en filtrant la réalité avec un angle de vue qui les arrange. 

2/ Du futur, par le personnage qu'ils aimeraient construire et qui est mieux qu'eux à tout point de vue.

Se connaître vraiment (et vivre) se passe à un seul endroit, au présent.

Pour ce faire, le modèle le plus puissant et pertinent que j'ai découvert est l'ennéagramme

Il permet de comprendre comment tu fonctionnes et t'aide à cerner le personnage que tu as construit pour ne plus t'y enfermer. 

Loin d'être un système pour classer les gens, il consiste à réaliser dans quelle cellule tu es déjà prisonnier sans même t'en rendre compte... Et à rester lucide sur les mécanismes inconscients qui te pilotent dans l'ombre.

Avant d'entrer dans une démarche de prosélytisme et d'avancer frénétiquement pour changer le monde à partir d'un état de stress/d'anxiété... L'invitation est de commencer par te rencontrer, c'est plus écologique dans tous les sens du terme et c'est plus rapide que changer le monde.

En t'amenant de la douceur et de la détente à cet endroit-là, tu passeras de la lutte à la construction.


Sortir de son nombrilisme

Lorsque nous faisons cette démarche de retour vers soi pour vraiment nous connaître, nous réalisons alors notre nombrilisme.

Pendant mon adolescence, je pensais manquer de confiance en moi, j'avais peur du regard des autres, j'avais peur de ce qu'ils pouvaient dire de moi. 

J'étais tétanisé dès que je devais parler à plus de 3 personnes.

En réalité, ce fonctionnement est le symptôme d'un nombrilisme exacerbé

Le monde ne tourne pas autour de moi, les gens se foutent de moi.

Quand tu penses que les autres guettent tes moindres faits et gestes, que tu as peur d'un cafouillage, d'un bégaiement, que tu as peur d'aborder des inconnu(e)s, des personnes du sexe opposé, peur de créer des vidéos et t'exposer... 

Tu crois manquer de confiance et être très tourné vers les autres.

C'est avant tout parce que tu es obsédé par toi-même.
Tu es focalisé sur ce qu'on pense de TOI, ce que les autres disent de TOI, mais en réalité, il s'agit d'un rapport entre toi et toi. L'autre n'a rien à voir là-dedans, puisque l'autre n'a jamais accès à toi...

L'autre ne fait que te percevoir à travers ses filtres, tout ce qu'il dit à ton égard reflète sa perception, sa vision, propre.

Pour une réelle contribution "altruiste" à ce monde en laissant éclore ton essence (qui tu es vraiment au fond), il n'est pas question de se raconter qu'on le fait pour les autres.

Beaucoup de démarches altruistes cachent un égoïsme non assumé.
Aider les autres TE fait plaisir, ramasser des déchets TE fait plaisir, revendiquer le végétarisme TE fait plaisir.

On a tôt fait de jouer à l'anthropomorphisme et se raconter que "ça fait du bien à la planète, c'est pour elle que je le fais". Au départ, c'est surtout pour soi... Jusqu'à réaliser que tu es en effet une facette de ce tout qui inclut les autres et la planète.

Il y a un risque à croire qu'on le fait pour les autres, car souvent c'est un mensonge à soi-même qui ne s'est pas conscientisé et qui se fait passer pour une démarche désintéressée. Il me semble capital d'être lucide sur ce point.

Paradoxalement, une démarche réellement altruiste part d'une intention d'écoute intérieure qui se répercute ensuite sur le monde extérieur.

C'est en plongeant dans ton vécu, dans ton ombre (tout ce que tu refoules), dans tes émotions que tu transcendes le personnage que tu as créé pour laisser ton essence rayonner.

Et c'est là que c'est magnifique, car alors tu n'as rien à prouver, tu n'attends pas de validation, car c'est "autre chose" en toi qui agit et il n'y a aucun mérite à s'attribuer.


Changer le monde sans rien faire

Changer le monde sans rien faire

Lorsque l'humain est connecté à son essence, il commence à rayonner par le "plein" et non plus par le "vide".

Par le vide, nous cherchons de la reconnaissance, une identité, nous voulons nous convaincre que nous sommes de bonnes personnes, avec des valeurs et de l'intégrité, nous sommes en déni de nos parties sombres et violentes.

Nous nous cachons alors derrière des étiquettes de "gentil", "d'écolo", "minimaliste", de "profond", de "coach" ou de "spirituel", sans vouloir réaliser à quel point nous sommes également méchants, stupides, matérialistes et superficiels.

Par le plein, nous sommes au contact de qui nous sommes et de la réalité au-delà de nous et quelque chose se passe : nous réalisons que nous sommes à un endroit juste pour nous, nous laissons la vie s'exprimer à travers notre être et "ça" se fait.

Il n'y a rien à faire mais tout à être.

En fait, changer le monde n'est pas quelque chose que tu fais...

Changer le monde, c'est le résultat extérieur ayant lieu quand tu es dans ton essence et que tu joues la partition pour laquelle tu es fait.

Fraternellement,

Fabien, du site Epanessence

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Loïc

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