La responsabilité émotionnelle est censée éviter la culpabilisation et autres comportements toxiques... mais on l'applique tous très mal. Tellement que ça en devient toxique :
"On est responsable de nos émotions, mais pas de celles des autres".
C'est vrai. Et pourtant, ça ne nous autorise pas à insulter des inconnus sous prétexte qu'on n'est "pas responsables de leurs émotions". Ni à nous culpabiliser de nos propres émotions...
La distinction est subtile. Et on tombe facilement dans un piège ou l'autre.
En voulant être responsables, en fait, on fait de la culpabilisation.
Je me suis fait avoir tellement de fois que j'ai décidé d'écrire cet article pour nous aider à mieux comprendre cette dynamique et à gérer nos émotions de manière plus sereine.
Pour qu'on arrête tous de se culpabiliser et de faire culpabiliser les autres.
Et pour faciliter l'intégration :
À la fin de l'article, tu trouveras un tableau et un schéma résumant toute la dynamique de la responsabilité émotionnelle.
Il n'y a pas de personnes toxiques. Il y a de la responsabilité émotionnelle mal gérée.
Et à ce compte-là, tant qu'on n'a pas fait un travail dessus... on est tous toxiques.
Alors faisons notre cure detox, ensemble.
C'est quoi la culpabilisation ?
La culpabilisation, c'est faire porter sur quelqu'un la responsabilité d'une chose qui n'est pas de son ressort.
- "Tu m'as mis en colère."
- "Tu m'as brisé le coeur."
- "Tu m'as fait peur."
Souvent, quand on ressent de la colère sans comprendre pourquoi, c'est que quelque part, il y a une culpabilisation dirigée vers nous. Ce n'est pas systématique, mais c'est un bon indicateur :
La colère vient t'aider à bien distinguer ce qui est de ta responsabilité, et ce qui est de celle de l'autre. Elle vient rejeter la culpabilité illégitime.
Parce que souvent, on se sent coupables quand on prend des responsabilités qui ne nous appartiennent pas.
Alors pour arrêter la culpabilisation, on doit apprendre à bien définir nos limites...
Droit vers la culpabilisation : les 2 pièges de la responsabilité émotionnelle
Quand la limite de la responsabilité émotionnelle n'est pas claire, soit on prend trop de responsabilités, soit on en prend trop peu. Et dans tous les cas ça finit en culpabilisation.
Imaginons que j'ai fait une blague pour taquiner un ami, et cet ami l'a mal pris.
Cas n°1 : Je ne prends pas assez mes responsabilités.
L'ami en question peut ressentir de la colère, ou de la tristesse, ou autre. Il peut me dire qu'il n'a pas apprécié ma blague pour telles et telles raisons. Il peut même me demander si je peux faire attention avec lui à l'avenir parce que ce sujet est sensible pour lui.
Mais si je lui dis "Je ne suis pas responsable de tes émotions" et que j'ignore sa demande...
C'est comme si je lui disais "c'est ta faute si tu ressens ça"...
C'est très violent, et c'est faux.
C'est d'autant plus violent que j'ai oublié de prendre certaines de mes responsabilités... et que je les lui ai fait porter. En fait, je le culpabilise.
Cas n°2 : Je prends trop de responsabilités.
Quand on a bien retenu que les autres n'étaient pas responsables de nos émotions, on tombe souvent dans le piège suivant :
"Si je ne suis pas responsable des émotions des autres...
Alors les autres ne sont pas responsables des miennes.
Donc si je ressens de la colère après sa blague, ce n'est pas de sa faute...
C'est de la mienne."
En me disant que les autres ne sont pas responsables de mes émotions, je nie l'impact que leurs actions peuvent avoir sur moi.
Et si les autres ne sont pas la cause de mes émotions, qui l'est ?
En toute logique, c'est moi...
Mais en réalité, personne n'est coupable des émotions de personne. Je pense me responsabiliser alors qu'en fait, je me culpabilise.
Qu'est-ce que la responsabilité émotionnelle ?
La responsabilité émotionnelle, c'est donc :
- Prendre conscience que tu es responsable de gérer tes émotions, mais pas celles des autres.
- Garder en conscience que les autres ont aussi des besoins, et que tes actions peuvent ne pas en prendre soin.
Souvent, on comprend mal la responsabilité émotionnelle pour 3 raisons :
- On confond la culpabilité et la responsabilité.
- On imagine que nos émotions arrivent par notre faute ou celle des autres.
- On nie l'influence de nos actions sur les émotions des autres, et inversement de leurs actions sur les nôtres.
La responsabilité émotionnelle, c'est donc bien distinguer ces 2 zones :
1. Tu es responsable de tout ce qui t'appartient (la zone en bleu à droite) :
- Tes émotions
- Tes besoins
- Tes pensées
- Tes actions
- Tes paroles
- Tes décisions
Responsable, dans le sens où c'est à toi de les gérer et de les assumer en faisant ce qui est dans ton contrôle (agir, parler, décider).
Mais tu n'es pas responsable de ce qui ne t'appartient pas (la zone en vert, à gauche).
Tu prends donc toute ta responsabilité pour tes actions et réactions, et tu laisses l'autre faire de même pour les siennes.
2. La culpabilisation, c'est quand on te tient coupable de ce que tu ne contrôles pas :
- Tout ce qui appartient à l'autre (ses émotions, besoins, pensées, actions, paroles, décisions)
- Tout ce qui t'appartient mais que tu ne contrôles pas (tes émotions et besoins)
Coupable dans le sens où "tu en serais la cause"... mais tu ne peux pas être coupable de ce que tu ne contrôles pas.
3. Enfin, quand on ne prend pas la responsabilité de nos actions et du fait qu'elles peuvent avoir une influence négative sur les besoins des autres, on culpabilise l'autre de ressentir ce qu'il ressent et on nie notre responsabilité dans la situation.
La frontière est fine : on n'est pas responsable des émotions des autres, mais on joue quand même un rôle dedans. C'est en gardant ce rôle en tête qu'on ne devient pas des manipulateurs insensibles.
Ça, c'était la vue d'ensemble. Maintenant on va creuser en finesse chacune des 3 raisons qui nous empêchent de bien appliquer la responsabilité émotionnelle :
- On confond la culpabilité et la responsabilité.
- On imagine que nos émotions arrivent par notre faute ou celle des autres.
- On nie l'influence de nos actions sur les émotions des autres, et de leurs actions sur les nôtres.
Arrêter la culpabilisation en comprenant les subtilités
La différence entre culpabilité et responsabilité
Imaginons que je trouve un bébé laissé dehors, sur mon palier.
Je reprends l'exemple du livre The Subtle Art of Not Giving a Fuck de Mark Manson.
Ce n'est pas de ma faute si le bébé a été laissé là. Je n'en suis pas coupable.
Par contre, c'est désormais à moi de prendre cette situation en main. J'en suis responsable.
La culpabilité, c'est au passé. La responsabilité, c'est au présent.
Mark Manson
La culpabilité, c'est ce que tu as fait. C'est une question de cause.
Est-ce que tu as vraiment causé ce qu'on te reproche ?
La responsabilité, c'est ce que tu en fais maintenant. C'est une question de conséquences.
Est-ce que c'est à toi de gérer les conséquences de cette situation ?
Par exemple, on n'est pas coupables des claques de la vie qu'on a reçues.
Mais ce qui est sûr, c'est qu'on est responsables de ce qu'on en fait maintenant.
Quand on culpabilise de ressentir une émotion ou de la faire ressentir à l'autre, c'est qu'on pense l'avoir causée. Mais mettons nous d'accord :
Pour qu'on soit la cause des émotions, il faut qu'il y ait un lien de cause à effet :
Chaque fois que je dis cette blague à une nouvelle personne
=> Cette personne ressent l'émotion X
Mais même si 90% des gens ressentent de la colère en entendant cette blague, peut-être que 10% des gens vont l'apprécier et rire... ou ne rien ressentir parce qu'ils sont morts à l'intérieur.
Il y a une corrélation entre nos actions et les émotions, mais il n'y a pas de causalité...
En l'occurrence, c'est le fameux "On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde."
Mais ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de causalité qu'on a le droit de faire et dire n'importe quoi. Et ça, j'en parle un peu plus loin.
En fait,
- notre culpabilité repose uniquement sur ce dont on est la cause, et donc ce que l'on contrôle
- notre responsabilité repose seulement sur ce qui nous appartient
Alors, qu'est-ce qui nous appartient, et qu'est-ce que l'on contrôle vraiment ?
La dichotomie du contrôle
Dans la vie, il y a ce qu'on contrôle, et ce qu'on ne contrôle pas. C'est ce que les stoïciens de l'Antiquité appelaient la dichotomie du contrôle.
Ce sur quoi nous avons du contrôle, ce sont :
- Nos actions
- Nos paroles
- Nos décisions
- Nos pensées
Bien sûr, on peut agir, parler, ou penser de manière automatique. Mais parce que nous avons une conscience, quand on décide de les contrôler, on en prend le contrôle.
Ce sur quoi nous n'avons pas de contrôle, ce sont :
- Les autres, leurs réactions et leurs émotions
- Les événements, le passé et le futur
- Nos propres émotions
- Tout le reste
On distingue ainsi ce qui est dans notre zone de contrôle, et ce qui ne l'est pas.
On peut être coupable uniquement de ce que l'on contrôle :
Nos actions, nos paroles, nos décisions.
Et donc, si on te fait porter la culpabilité d'autre chose que ces trois-là, c'est de la culpabilisation.
Concernant tes pensées, toi seul·e les connais. Donc tant que tu ne les extériorises pas sous forme d'actions ou de paroles... on ne peut pas t'en tenir rigueur. Et ceux qui le font ne font qu'imaginer tes pensées. Ce sont leurs interprétations, pas la réalité.
Personne n'est coupable des émotions de personne
Concernant les émotions, on ne peut donc pas en être tenu coupable :
Nous n'avons du contrôle ni sur nos émotions, ni sur celles des autres.
- Essaie de t'empêcher de stresser avant d'affronter ta plus grande peur... Tu verras si tu peux contrôler ton émotion.
- Essaie de dire "Calme toi" à quelqu'un en colère... Tu verras si tu peux contrôler son émotion.
Les émotions échappent à notre contrôle.
Nous ne sommes donc pas coupables de ressentir telle ou telle chose.
Nous ne sommes pas non plus coupables de ce que ressentent les autres.
Personne n'est coupable des émotions de personne.
Je suis responsable de mes émotions, mais pas de celles des autres
Concernant la responsabilité :
Nous sommes responsables uniquement de ce qui nous appartient.
C'est-à-dire tout ce que l'on contrôle + notre corps, nos émotions, nos besoins, nos pensées...
Nous sommes responsables de nos émotions et de ce que nous en faisons, parce qu'elles nous appartiennent.
C'est nous qui les ressentons, alors qui d'autre que nous pourrait mieux savoir comment y réagir ?
En fonction de ces émotions, on peut effectuer des actions dans notre zone de contrôle pour agir en conséquence. C'est ça être responsable de ses émotions.
Pour être plus concis :
On est responsables de ce qu'on fait de nos émotions.
En cohérence avec l'idée précédente,
Nous ne sommes pas responsables des émotions des autres, parce qu'elles ne nous appartiennent pas.
On n'a aucune obligation à réagir à leurs émotions. On ne les ressent pas, on n'est donc pas les mieux placés pour savoir quoi faire. Ça ne nous appartient pas.
Ça veut dire que si une personne est triste à côté de toi, il n'y a aucune raison extérieure à toi qui t'oblige à la réconforter. De même si elle a peur, ou si elle est en colère.
Bien sûr, elle n'est pas coupable de ses émotions. Elle ne les a pas choisies. Mais :
C'est sa responsabilité de faire quelque chose de ses émotions.
En délimitant une frontière claire et saine entre nos émotions et celles des autres, chacun prend la responsabilité des siennes, et les choses vont bien...
Et pourtant, nous ne sommes pas des machines insensibles
Si l'autre à côté de nous est triste, on va ressentir de la tristesse.
Si l'autre est en colère, on va ressentir de la tension.
Si l'autre a peur, on va le ressentir aussi.
On est perméables aux émotions des autres.
Et on ne va pas faire semblant que leurs émotions n'ont aucun impact sur les nôtres. Ni que leurs actions sont neutres sur nos ressentis.
C'est faux : rien n'est neutre.
C'est là qu'il est pertinent de se demander :
Mais en fait, qu'est-ce qui provoque nos émotions ?
Quand on a l'élan d'aider la personne triste à côté de nous, ce n'est pas parce que c'est notre responsabilité de l'aider. C'est à elle de gérer son émotion.
Si on ressent cet élan, c'est parce qu'on a un besoin de prendre soin, de contribuer, et ce besoin là nous appartient. Il n'appartient pas à l'autre.
(D'ailleurs l'autre a tout a fait le droit de refuser ton aide. Sinon tu tombes dans le côté malsain du syndrôme du sauveur.)
C'est ce besoin, cet élan de contribuer qui fait qu'on ne veut pas faire de mal aux autres, et qu'au contraire, on leur veut du bien.
Si on cherche un coupable à nos émotions, il est donc tout trouvé : ce sont nos besoins.
La frise chronologique des émotions
Les émotions ne sortent pas de nulle part. Elles sont déclenchées par un stimuli :
Il se passe quelque chose. Un fait, une action, une pensée.
- Tu penses à ce travail que tu dois rendre pour lundi.
- Quelqu'un raconte une blague qui te touche.
- Un pigeon te chie dessus.
C'est le stimulus : LA chose qui appuie à un endroit chez toi et qui déclenche l'émotion.
Stimulus -> Émotion
Mais attention !
Le stimulus précède l'émotion, mais il ne la cause pas. Il y a corrélation, mais pas causalité.
Stimulus ≠> Émotion
Ce qui cause l'émotion, c'est ce sur quoi vient appuyer le stimulus.
Ce sont nos besoins fondamentaux. Qu'ils soient psychologiques, ou physiologiques.
Tous comme les plantes ont besoin d'eau, de soleil, d'air et de nutriments... Nous avons besoin de nourriture, d'amour, de sécurité, d'appartenance, de connexion, de confiance, d'estime, de respect, de partage, de liberté, d'espace, de mouvement, d'expression, d'accomplissement, de contribuer... Il y en a des centaines.
Besoin => Émotion
Là, il y a un lien de cause à effet :
- Quand une émotion est agréable, c'est parce qu'un besoin chez nous a été nourri.
- Quand une émotion est désagréable, c'est parce qu'un besoin chez nous n'a pas été nourri.
La joie est une émotion agréable. Elle indique un besoin nourri.
La colère, la peur, la tristesse et le dégoût sont des émotions désagréables. Elles indiquent un besoin non nourri.
Nos besoins relèvent de notre responsabilité.
On ne les contrôle pas : tout comme nos émotions, on n'en est pas coupable.
Mais on est responsable de la façon dont on les nourrit.
Et la façon dont on les nourrit, c'est ce qu'on appelle en CNV une stratégie.
(CNV = Communication Non Violente).
Stratégie ≠ Besoin
C'est le besoin nourri ou non qui va causer l'émotion.
C'est lui le coupable.
... si tant est qu'on cherche un coupable.
Besoin a tué l'émotion "Moutarde au nez" avec le chandelier.
On a donc le schéma suivant :
Stimulus -> Besoin => Émotion
Le stimulus vient appuyer sur un besoin et le nourrir ou non, ce qui va causer l'émotion.
Mais quelle est le rôle de l'autre dans tout ça ?
On ne peut quand même pas aller insulter les gens dans la rue sans scrupule parce que "la la la on n'est pas responsable de leurs émotions". Effectivement.
Entre ce qui nous appartient, et ce qui appartient à l'autre, il y a une interface.
L'interface de la zone d'influence
Si tu vas dans la rue et que tu insultes quelqu'un au pif, disons qu'il y a 99% de chances pour qu'il le prenne mal.
Je ne suis pas allé mesurer ce chiffre, mais je t'en prie, fais-le : "Pour la science."
On ne peut pas nier que notre action d'insulter l'autre a une influence sur l'émotion de l'autre. Elle ne la cause pas, mais elle a une influence. Si elle la causait, ce chiffre serait à 100%.
En l'occurrence, comme ce chiffre n'est pas à 100%, ça signifie que nos actions ont seulement une influence sur les émotions des autres, et pas un impact direct. C'est ce qu'on a vu plus haut.
Que se passe-t-il avec les 1% restant ?
Peut-être que ces 1% étaient de bonne humeur.
Peut-être qu'ils sortaient d'un rendez-vous amoureux fabuleux et que rien, absolument rien ne pouvait entacher cette joie.
Peut-être qu'ils attendaient une occasion de pratiquer leur résilience émotionnelle.
Peut-être qu'ils attendaient un signe de l'univers, et que c'était ça qu'ils avaient imaginé.
Peut-être qu'un pigeon venait de chier sur leur pire ennemi.
Quoi qu'il en soit, l'action de les insulter ne les a pas fait mal réagir :
- Soit c'était neutre, ça ne venait pas appuyer sur un besoin particulier.
- Soit ça leur a donné de la joie : ça venait nourrir un de leurs besoins.
Et pourtant, ce n'est pas pour ces 1% qu'on peut se permettre d'insulter les gens dans la rue sous prétexte qu'un pigeon vient de "combler son besoin d'évacuation" juste au-dessus de nous :
Il y a une interface entre nos actions et leur impact sur ce qu'on ne contrôle pas :
C'est l'interface d'influence.
Sur le schéma, c'est la ligne en pointillés (3) :
L'autre à gauche fait une action, et cette action vient sortir de sa zone de contrôle pour traverser l'interface d'influence et venir influencer les émotions et besoins de l'autre.
Ce qu'il se passe à cette interface n'est ni la faute de l'autre, ni la tienne. On ne peut pas prévoir à coup sûr ce qu'il va se passer... En ça, personne n'en est coupable : on ne pouvait pas savoir...
... mais il y a quand même des probabilités plus ou moins grandes.
Par exemple ces 99% de chances que la personne réagisse mal si on l'insulte.
Parfois, les probabilités sont moins claires : c'est plus du 47-53%, ou quelque chose comme ça.
Bien sûr, ces probabilités sont seulement à l'état d'intuitions, il n'y a rien de tangible, rien de précis, et c'est soumis à ta seule évaluation.
On peut avoir conscience de certaines de ces probabilités, et agir en conséquence. Par exemple ne pas dire notre blague si on sent qu'elle risque d'impacter négativement les besoins de l'autre...
Mais le but n'est pas non plus qu'on se censure en marchant sur nos besoins.
Si ta blague vient se moquer du physique de l'autre par exemple, et bien les probabilités sont rarement de ton côté... mais tu ne sais jamais, et certains adoreront que tu les taquines. Tout dépend aussi de ton intention.
Encore une fois, ces probabilités sont soumises à ta seule évaluation.
En soi, c'est ça l'intelligence sociale : avoir conscience de toutes ces probabilités, et agir de manière appropriée pour les besoins de l'autre, mais aussi les nôtres.
La vie est ainsi faite : un équilibre complexe entre prendre soin de nos besoins et prendre soin de ceux des autres.
À l'instant t, on fait donc au mieux selon nos ressources et notre conscience de ces probabilités pour trouver une manière qui prend soin de nos besoins et de ceux des autres.
Et si malgré tout l'autre est blessé, ça reste sa responsabilité de nous le dire, de le gérer.
Prendre la responsabilité de nos actions, c'est donc assumer qu'on a fait cette action, et garder en conscience que certaines actions peuvent avoir un impact négatif sur les besoins des autres. Nous rappeler qu'elles ont une influence, et des probabilités.
Et ensuite, on fait de notre mieux. L'autre aussi.
Pour vivre comme on peut, ensemble et heureux.
Comment arrêter la culpabilisation : résumé en schéma
On parle beaucoup des personnalités toxiques. Je n'y crois pas. Il n'y a pas de personne toxique, il y a des comportements toxiques.
On est tous toxiques pour notre entourage, du moins tant qu'on n'a pas fait un gros travail de prendre la responsabilité de nos émotions, de ce qui nous appartient... et nous arrêter là.
La responsabilité émotionnelle, c'est :
- Prendre la responsabilité de ce qui t'appartient
- Ne pas prendre la responsabilité de ce qui ne t'appartient pas
- Garder en conscience l'influence de tes actions sur ce qui appartient à l'autre.
Tout repose sur la distinction entre ce qui t'appartient et ce qui appartient à l'autre (pensées, émotions, actions) :
Quand on ne fait pas cette distinction, ça finit en culpabilisation : de toi, ou de l'autre.
En pratiquant cette distinction au quotidien, tu arriveras petit à petit à te détacher de ce que les autre disent et pensent de toi.
Ce n'est pas que tu y seras insensible comme un méchant Disney, simplement tu y accorderas moins d'importance que ce que toi tu penses et dis de toi-même.
Ça te parait bien ?
Alors résumons tout ça avec notre exemple initial et notre schéma :
J'inverse donc la situation initiale : l'autre te fait une blague sur tes compétences, et tu n'apprécies pas.
L'autre est en vert, c'est la partie de gauche.
Toi tu es en bleu, c'est la partie de droite.
(1) D'abord, l'autre a été motivé à faire cette blague par des besoins (qu'il ne contrôlait pas) : par exemple un besoin de jeu ou de rire, ou un besoin de communication (s'il avait un message malheureux à te faire passer).
(2) Mais c'était lui qui contrôlait et qui choisissait sa stratégie pour nourrir ce besoin, en l'occurrence, faire cette blague. La blague, c'est le stimulus de ton émotion. Ce sont les paroles de l'autre. Elles sont de sa responsabilité parce qu'elles sont dans sa zone de contrôle.
(3) Maintenant cette blague sort de la zone de contrôle de l'autre et passe à travers l'interface de la réalité. Elle vient influencer tes besoins, émotions et pensées sans que ni toi, ni l'autre ne puisse rien y faire, sans qu'on puisse prédire le résultat à coup sûr.
Il y a quand même des probabilités, et l'intelligence sociale c'est les garder en conscience. Mais tu ne peux jamais être sûr.
À l'instant t, on fait donc au mieux selon nos ressources et notre conscience de ces probabilités pour trouver une manière qui prend soin de nos besoins et de ceux des autres.
Et si jamais on n'arrive pas à prendre soin de ceux des autres ?
Ils sont responsables de nous le dire, et on est responsable d'ajuster ou non.
(4) En l'occurrence, la blague venait parler de ta personne. L'intention de l'autre était peut-être innocente, il voulait juste te taquiner... mais sur le coup, ta confiance en toi était à vide. La blague a appuyé dessus et ça t'a fait mal. Tu avais donc un besoin de confiance en toi. Il n'a pas été nourri par ce stimulus et ton besoin non nourri a causé chez toi une émotion : par exemple de la tristesse, ou de la colère. Personne ne pouvait le prédire, ce n'est donc ni de ta faute, ni de celle de l'autre.
(5) En prenant la responsabilité de tes émotions, tu décides de dire à l'autre que tu avais un besoin de confiance en toi, et que sur le coup sa blague est venue appuyer dessus. Tu lui demandes s'il est d'accord pour te dire ce qu'il voulait dire par là. Cette question est dans ton contrôle, mais sa réponse ne l'est pas.
(1) L'autre peut ressentir de la colère en entendant cette demande. Peut-être que ça le remet en question. Ce n'est pas de sa faute s'il ressent cette colère, mais c'est à lui de la gérer.
(2) Il choisit comment il réagit à son émotion de colère et à ta demande : c'est sa responsabilité, pas la tienne. Il peut par exemple te dire ce qu'il ressent, et pourquoi.
Ensemble, vous pouvez ajuster... et ainsi, un dialogue s'installe.
Moi | L'autre |
---|---|
Je suis responsable de mes actions, paroles, pensées et décisions. | Il est responsable de ses actions, paroles, pensées et décisions. |
Mes émotions ne sont pas là par ma faute ni celle de qui que ce soit. | Je ne suis pas coupable de ses émotions. |
Mais je suis responsable de ce que j'en fais. | Je ne suis pas non plus responsable de les gérer ou d'y réagir. |
L'autre n'est ni coupable ni responsable de mes émotions. | Ses émotions ne sont pas là par sa faute ou celle de qui que ce soit. |
Il est responsable de ses actions, et celles-ci ont un impact sur moi. | Je garde en conscience que mes actions peuvent avoir une influence sur ses émotions. |
On n'est coupable d'aucune émotion et on est responsable des nôtres.
On essaie d'agir en gardant en conscience nos besoins et ceux des autres.
C'est aussi simple et aussi compliqué que ça.
Reste plus qu'à l'appliquer.
J ai un sentiment de culpabilité quand j ai pas ce que j aurai pu faire sur le moment ex: proposer mon aide a quelqu un qui aurait pu en avoir besoin ex personne chargée a qui j aurai pu lui proposer d’ouvrir les portes ou le faire tout simplement.je n ai pas pensé à le proposer ni a le faire car sur le moment j étais centrée sur ce qui me preocupait : finir mon travail. Du coup j ai un sentiment qui me dit que a ce moment précis j aurai pu mieux agir. De ce fait j’ai envie de le verbaliser a la personne en m excusant de ne pas lui avoir proposé mon aide. Ce que je ressens de culpabilité s en ira je pense.vivement demain que je puisse le lui dire.