Maintenant que tu as découvert que tu étais haut potentiel... faut-il le dire ou pas ?
Quand tu réalises que tu es HPI, des pans entiers de ta vie prennent soudain du sens : non tu n'étais pas anormal·e, non tu n'étais pas stupide. Tu étais, et tu le restes : zèbre.
Ça explique beaucoup d'incompréhensions avec ton entourage, beaucoup de moments où tu as senti un décalage sans pouvoir l'expliquer...
Et maintenant, tu te demandes s'il faut le dire à ton entourage. En même temps, c'est si important pour toi...
Tu as peut-être même envie de le crier sur tous les toits !
Mais tu hésites :
Et si mon entourage ne réagissait pas à la nouvelle comme ce que j'attendais ?
Pire :
Et s'ils ne me croyaient pas ?
Et s'ils ignoraient purement et simplement la nouvelle ?
Et s'ils se moquaient ?
J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle.
Commençons par la mauvaise : tout peut arriver. Les gens à qui tu l'annonceras peuvent très bien se moquer, ne pas te croire, faire comme si tu n'avais rien dit... tout est possible.
La bonne nouvelle, c'est que si tu t'assures de vérifier les 3 critères suivants pour être vraiment prêt·e à l'annoncer, alors non seulement ces réactions négatives ne te toucheront pas ou peu, mais en plus tu auras bien moins de réactions négatives que si tu n'avais pas vérifié ces 3 critères...
Le critère n°1 est essentiel pour annoncer sereinement ton haut potentiel à tes proches.
Si tu valides aussi les critères n°2 et n°3, tu augmenteras le nombre de réactions positives à ton annonce. Mais ils restent optionnels et secondaires par rapport au premier.
Comment savoir si tu es prêt·e pour dire que tu es haut potentiel ? 3 critères pour décider
1. Tu n'attends rien de la part des autres
Parmi les réactions de tes proches à l'annonce de ton haut potentiel, tu auras... de tout.
Tout peut arriver.
Tout simplement parce que tu ne peux pas contrôler la réaction des gens.
Même si, on le verra, tu peux l'influencer dans une certaine mesure.
Alors avant de l'annoncer, demande-toi :
Quelle est mon intention en disant que je suis haut potentiel ?
- Est-ce que j'attends une forme de validation ou de reconnaissance ?
- Est-ce que j'attends un changement de la part de mon interlocuteur ?
- Ou est-ce que je veux juste le partager inconditionnellement, sans aucune attente ?
Si tu savais à l'avance que la personne allait réagir avec moins d'enthousiasme que ce que tu aimerais... Par exemple :
- Nier les faits
- Se moquer de toi
- Ne pas te croire
- L'ignorer
- Dire "ok" et c'est tout
Est-ce que tu le dirais quand même ?
C'est ça le vrai test.
Si ton intention est purement de partager la nouvelle inconditionnellement, alors tu peux le dire (et passer au critère suivant). Mais uniquement dans ce cas.
Si tu attends une validation ou un changement de la part de l'autre, quelle qu'en soit la forme, alors tu vas souffrir.
Les autres ne te donneront pas de validation si tu en attends, et ils ne changeront pas pour toi : ils changeront seulement s'ils en ont envie.
Les attentes font souffrir. J'ai 2 philosophies antiques pour appuyer cette idée.
Voici les deux effets pervers principaux des attentes :
- Si tu as des attentes sur la réaction des gens, tu vas être déçu·e si ça ne se passe pas comme tu l'espérais. Forcément.
- Étrangement, si tu as des attentes sur leur réaction, les gens réagiront bien plus négativement que si tu n'en avais pas. Et ça fera d'autant plus mal que tu espérais autre chose...
Maintenant, un peu de philosophie appliquée.
La réaction des autres n'est pas dans notre zone de contrôle. C'est un principe du libre arbitre.
Dans notre zone de contrôle, il y a nos actions, nos paroles, et avec de la pratique, nos pensées. C'est tout.
Quand on a des attentes sur autre chose que notre zone de contrôle - par exemple sur la météo, les résultats aux élections présidentielles ou la réaction des gens - et que la réalité ne se déroule pas selon nos attentes... on est déçu. On s'est attaché émotionnellement à nos attentes sur le futur, et on est déçu.
La seule manière de s'en sortir, c'est de lâcher prise sur nos attentes. C'est le principe du bouddhisme et du stoïcisme, deux philosophies qui datent chacune de plus de 3 siècles avant J-C... Mais c'est plus facile à dire qu'à faire, n'est-ce pas ?
Le plus étrange est à venir :
C'est quand tu n'attends pas de validation de la part des autres qu'ils réagissent le mieux.
Tout comme le respect et la confiance, la validation suit la loi de l'effort inverse, du philosophe Alan Watts :
- Plus tu cherches de la validation auprès des autres, moins on t'en donne : parce que ça fait needy, désespéré
- Plus tu cherches à ce qu'on te fasse confiance, plus on se méfie de ce que tu as à cacher
- Plus tu cherches du respect, moins tu en inspires
- Plus tu cherches à être accepté, plus on te rejette
Et ça marche aussi dans l'autre sens, d'où le nom d'effort inverse : moins tu cherches de la validation, plus on t'en donne.
Ainsi, si tu es bien dans tes baskets en cuir d'ananas, si tu assumes ton HPI de manière sereine, les gens réagiront bien mieux à la nouvelle.
Plus tu assumes sans attendre de validation, plus tu en reçois.
C'est la même chose si tu n'attends aucun changement de leur part. Tu leur laisses la liberté de ne pas changer pour toi, et ils auront d'autant plus envie de s'adapter à toi :
Nul ne peut résister au charme inhérent à celui qui sait respecter la liberté des autres.
André Pronovost
C'est comme ça que tu peux influencer la réaction des autres.
Mais je le répète encore une fois :
Malgré tout cela, certaines réactions resteront négatives : c'est inévitable, tu ne peux pas contrôler la réaction des autres. Et si tu ne te donnes pas par toi-même la validation dont tu as besoin, alors tu risques de souffrir de ces réactions.
Comment faire si tu n'en es pas encore là ? Si tu attends de la validation ?
Je pourrais te dire "Ah bah il faut te la donner par toi-même la validation !".
Et certes ça serait vrai.
Mais ça ne t'avancerait pas beaucoup.
À la place, je donne des étapes concrètes que tu peux suivre pour te valider toi-même et te sentir plus à l'aise :
Comment dire qu'on est haut potentiel ? Le coming out du zèbre
Mais avant de passer à cet article, je te propose de voir les 2 autres critères pour savoir si tu es prêt à le dire...
2. Tu as validé ton haut potentiel au préalable
Supposons que tu n'aies pas passer de test pour le haut potentiel.
Il n'y a rien de pire que de l'annoncer à tout ton entourage, finir par passer ce foutu test...
Pour découvrir que finalement tu n'es pas HPI...
Et devoir le redire à tout ton entourage.
La double peine.
Mais comme on dit, faites ce que je dis, pas ce que je fais :
J'ai dit que j'étais zèbre (= haut potentiel) à plusieurs de mes proches bien avant d'avoir passé le test.
Heureusement, le test a validé ma douance. Mais la peur de ne pas correspondre à ce que j'avais dit à mes proches à sûrement participé à la pression que je me suis mise avant de passer le test.
Tu es peut-être dans le cas où tu as des soupçons sur ton HPI, mais tu n'as pas encore passé le test. Peut-être que tu ne veux pas passer le test. Et dans ce cas, tu souhaites parler de tes soupçons à ton entourage. Je comprends la démarche : c'était la mienne pendant un moment, avant que je passe ce fameux test de QI.
Si tu souhaites parler de tes soupçons, c'est possible. Reste simplement transparent·e sur ta démarche et là où tu te trouves dans le processus. Par exemple :
Je me reconnais dans le profil, même si je ne l'ai pas confirmé avec un test.
Ça explique enfin mon sentiment de décalage, mon hypersensibilité et mon cerveau qui pense sans arrêt.
Si c'est bien le HPI qui provoque tout ça chez moi, ça voudrait dire que je ne suis pas seul·e dans ce cas, que je ne suis pas bizarre, que j'ai de la valeur...
Et ça, ça me soulage.
Vient alors le dernier critère.
3. Tu sais expliquer clairement et humblement le haut potentiel
Les appellations "haut potentiel" et "surdoué" sont lourdes de préjugés ET ont un côté prétentieux. Je détaille ces raisons dans mon article : Pourquoi dit-on zèbre pour haut potentiel ou surdoué ?
Pour ces raisons, dire qu'on est haut potentiel intellectuel pourra facilement déclencher l'animosité de la personne en face :
Le QI, c'est tabou.
Alors si tu décides de dire que tu es zèbre, ou HPI, ou surdoué à quelqu'un, assure-toi de pouvoir l'expliquer clairement et humblement... De préférence en évitant le mot "surdoué" : il ne fait jamais du bien.
Ensuite en sachant expliquer que les HPI sont simplement :
- des personnes qui ont une intelligence abstraite et un fonctionnement atypique,
- ce qui entraine parfois un décalage avec les autres,
- que leur hypersensibilité peut les faire souffrir,
- et que leur cerveau pense sans arrêt, ce qui peut être difficile à vivre.
Si tu valides les 3 critères précédents, tu es prêt·e à le dire. Mais...
Faut-il dire à tout le monde que tu es haut potentiel ?
Pour la première question, j'avais un avis nuancé :
Faut-il dire à nos proches qu'on est haut potentiel ?
Ça dépend.
Pour la seconde, j'ai un avis tranché :
Faut-il dire à tout le monde qu'on est haut potentiel ?
Non, clairement pas.
Non, il ne faut pas dire à tout le monde que tu es haut potentiel.
Non, le caissier du Super U n'a pas besoin de le savoir.
Ça peut être utile pour tes proches en qui tu as confiance. Mais à part ces-derniers, je déconseille de le dire à toutes les personnes que tu connais ou rencontres, pour plusieurs raisons :
- Ça reste quelque chose d'intime, de vulnérable, et pour te protéger, il est important que tu ne le dises pas à des personnes malveillantes qui pourraient s'en servir contre toi.
- Comme je le disais, il y a beaucoup de préjugés sur les surdoués / HPI et ça déclenche souvent l'animosité des gens parce que ça fait prétentieux. Mieux vaut donc éviter de le crier sur tous les toits, ça pourrait se retourner contre toi.
- Le haut potentiel ne te définit pas, et ne s'exprime pas à chaque instant. Concrètement, à part tes proches, la plupart des gens que tu croises n'ont pas besoin de le savoir. Ça serait trop d'explications pour une utilité limitée.
- Enfin, le plus important : "Je suis haut potentiel" n'est pas une réponse pertinente à la question "Vous avez la carte du magasin U ?".
Tout le monde n'a pas besoin de savoir que tu es HPI.
Si tu décides de le dire :
- Dis-le aux proches les plus bienveillants pour commencer,
- Ensuite aux proches plus délicats (si tu en as envie),
- Et ensuite seulement si tu en ressens le besoin, parles-en aux personnes plus éloignées...
- Mais surtout : pas tout le monde.
Pas à n'importe quel inconnu, sauf si tu te sens particulièrement en confiance (et/ou que le contexte s'y prête, comme une rencontres de HPI par exemple).
Si tu ressens le besoin de le dire à tout le monde, ça peut être une bonne idée de vérifier ton intention :
Pourquoi tu veux le dire ? Quelle est ton intention ?
Si tu attends de la validation ou un changement de la part des autres, c'est que tu as des attentes :
Je t'invite donc à revenir au critère n°1... ou à lire mon article où j'explique comment réduire tes attentes (et annoncer ton HPI).
Comment dire qu'on est haut potentiel ? Le coming out du zèbre