Comment la victimisation du haut potentiel cache le vrai problème

Il y a un dis­cours ambiant sur les HPI extrê­ment dan­gereux… et faux. L’idée que la souf­france est intrin­sèque au haut poten­tiel et que celui-ci se rap­proche d’une malé­dic­tion. C’est la vic­tim­i­sa­tion du haut poten­tiel.

Ain­si, les per­son­nes en souf­france psy­chologiques vont avoir envie de s’i­den­ti­fi­er comme HPI parce qu’elles auront enfin une expli­ca­tion à toutes leurs souf­frances.

Elles se décrè­tent alors haut poten­tiel sans test, ce qu’on appelle l’au­to-diag­nos­tic.
Et elles jus­ti­fient tous leurs prob­lèmes par le haut poten­tiel, ce qu’on appelle la sur-jus­ti­fi­ca­tion.


Le danger de l’auto-diagnostic des surdoués

L’au­to-diag­nos­tic est dan­gereux parce qu’il est pure­ment sub­jec­tif.
Il est égale­ment biaisé, parce que les descrip­tions des zèbres dans les livres sur le sujet et dans les médias décrivent la per­son­nal­ité du zèbre, celui qui souf­fre…

Mais cette “per­son­nal­ité zèbre” n’ex­iste pas : elle ne cor­re­spond pas à tous les zèbres.

Elle sous-entend que la souf­france est intrin­sèque au haut poten­tiel, ce qui est faux.

La “per­son­nal­ité zèbre” décrit un tem­péra­ment idéal­iste, sen­si­ble et altru­iste qui cor­re­spond effec­tive­ment à un type de per­son­nal­ité partagé par env­i­ron 20% de la pop­u­la­tion… mais ces per­son­nes ne sont pas for­cé­ment zèbres.

Si ça t’in­téresse je développe cette idée ici :
Pourquoi la « per­son­nal­ité zèbre » n’existe pas : l’erreur des psys

On a envie de s’au­to-diag­nos­ti­quer zèbre, parce que :

  1. Ça fait du bien à l’é­go : on n’est pas bizarre, juste “intel­li­gent” (ce qui est bien sûr plus com­plexe que ça : ce n’est pas tant une intel­li­gence plus grande qu’une intel­li­gence dif­férente)
  2. Ça explique enfin pourquoi on est mal­heureux et ça nous donne une bonne rai­son de ne rien faire pour aller mieux : “c’est comme ça, je souf­fre parce que je suis haut poten­tiel”

Cer­tains s’au­to-diag­nos­tiquent zèbre, et le test de QI le con­firme. Ça arrive bien sûr, et ça a été mon cas.

Mais quand on s’au­to-diag­nos­tique zèbre sans con­fir­ma­tion formelle par le test, et qu’on se trompe, on risque de met­tre toutes nos souf­frances sur le dos de la douance… à tort.

Et la douance a bon dos…


Le danger de la sur-justification par la douance

Comment la victimisation du haut potentiel cache le vrai problème

Imag­ine.
Tu décou­vres que tu es HPI, et tu entends partout que tes souf­frances sont dues au HPI.

Eh bien pas besoin de chercher plus loin !
Tu souf­fres parce que tu es zèbre, et c’est tout.

Et comme on dit : met­tre les mots apaise les maux. C’est-à-dire que met­tre du sens sur nos souf­frances per­met de les ren­dre plus sup­port­a­bles. Une fois que tu as mis le mot dessus, ça apaise tes souf­frances, et tu t’en con­tentes.

Sauf que ces souf­frances… tu pour­rais en faire dis­paraitre une bonne par­tie !

Voici ce que la douance peut vrai­ment causer comme souf­frances :

  1. Une dif­fi­culté à trou­ver des per­son­nes au même niveau intel­lectuel que toi, avec qui tu peux échang­er sans te brid­er
  2. Une dif­fi­culté à calmer tes pen­sées, prof­iter du moment présent, être insou­ciant et t’en­dormir le soir
  3. Une dif­fi­culté à gér­er toutes les infor­ma­tions — sen­sa­tions et émo­tions — exac­er­bées qui arrivent en flux con­tinu à ton cerveau
  4. Une dif­fi­culté à trou­ver des per­son­nes et un envi­ron­nement qui comblent tes besoins plus intens­es en matière de sens, de stim­u­la­tion, de con­nex­ion

Et encore :

  • Ça n’ar­rive pas à tous les HPI : cer­tains le gèrent très bien.
  • Ce n’est pas inévitable : avec le bon mode d’emploi, tu peux réduire ces souf­frances.

Ces 4 souf­frances sont liées à ton fonc­tion­nement neu­rologique. Le haut poten­tiel est neu­rologique, donc les souf­frances qu’il cause y sont liées.

Toutes les autres souf­frances que tu peux avoir (que j’ai vécues ou que je vis encore) sont des souf­frances psy­chologiques.
Et les souf­frances psy­chologiques se soignent avec une approche psy­chologique.


On peut être haut potentiel et arrêter d’en souffrir : la souffrance est facultative

Voici les souf­frances qui ne sont pas intrin­sèques à la douance… et qui lui sont pour­tant sou­vent asso­ciées, à cause des médias et des livres vic­tim­isants sur le sujet :

  1. Le fait d’être trop gen­til, de se faire marcher dessus, d’at­tir­er les manip­u­la­teurs
  2. L’au­to-sab­o­tage, le syn­drome de l’im­pos­teur, le com­plexe d’in­féri­or­ité
  3. L’anx­iété sociale, la timid­ité, la peur du rejet, la dif­fi­culté à s’in­té­gr­er sociale­ment
  4. La peur de l’a­ban­don, la dépen­dance affec­tive
  5. Le per­fec­tion­nisme, les exi­gences élevées, la pen­sée “ou tout ou rien”
  6. Le faux self, la dif­fi­culté à être soi-même, à être authen­tique

Elles ne sont pas intrin­sèques à la douance, mais elles ont pu être causées ou facil­itées par la douance…

Note la dif­férence :

La douance a pu provo­quer ces mécan­ismes à un moment.
MAIS
Main­tenant, tu peux te défaire de ces sché­mas, tout en restant haut poten­tiel.

Ces 6 souf­frances qu’on retrou­ve sou­vent en lisant sur la douance sont en fait des mécan­ismes de défense et des sché­mas des­tinés à te pro­téger de trau­ma­tismes que tu as vécus étant enfant.


Pourquoi le haut potentiel provoque souvent ces souffrances

Comment la victimisation du haut potentiel cache le vrai problème

Quand on est haut poten­tiel, on l’é­tait déjà enfant.
Ça veut dire qu’on par­tait avec un ter­rain plus prop­ice aux trau­ma­tismes :

  • Un décalage avec les autres enfants dû à notre cerveau de HPI
  • Une hyper­sen­si­bil­ité aux sen­sa­tions et aux émo­tions (les nôtres et celles des autres)

Quand un enfant HPI ou non vit une sit­u­a­tion trop dif­fi­cile à gér­er émo­tion­nelle­ment pour ses petites épaules, il vit un trau­ma­tisme. Son cerveau développe alors des sché­mas et des mécan­ismes de défense pour :

  1. Éviter que la sit­u­a­tion se repro­duise
  2. Enfouir l’é­mo­tion qui a été trop dif­fi­cile à gér­er

Mal­heureuse­ment, quand on est hyper­sen­si­ble et décalé par rap­port aux autres enfants, on vivra plus facile­ment une sit­u­a­tion comme un trau­ma­tisme, et on se fera plus facile­ment rejeté par nos pairs. C’est ain­si que le HPI facilite la for­ma­tion de ces sché­mas qui devi­en­nent tox­iques. On les appelle les sché­mas d’i­nadap­ta­tion de Young.

Ces sché­mas et des mécan­ismes de défense peu­vent alors pren­dre la forme entre autres du…

  1. Sché­ma Assu­jet­tisse­ment : être trop gen­til, se faire marcher dessus, attir­er les manip­u­la­teurs
  2. Sché­ma Échec : syn­drome de l’im­pos­teur, auto-sab­o­tage et com­plexe d’in­féri­or­ité
  3. Sché­ma Exclu­sion : anx­iété sociale, timid­ité, peur du rejet et dif­fi­culté à s’in­té­gr­er sociale­ment
  4. Sché­ma Aban­don : peur de l’a­ban­don et dépen­dance affec­tive
  5. Sché­ma Exi­gences élevées : per­fec­tion­nisme, exi­gences élevées et pen­sée binaire “ou tout ou rien”
  6. Sché­ma Imper­fec­tion : faux self, dif­fi­culté à être soi-même, à for­mer des rela­tions authen­tiques

… et bien d’autres.

J’ai cité ici les sché­mas prin­ci­paux dont souf­frent les HPI.

Ces sché­mas sont des modes de pen­sées appris incon­sciem­ment qui ont servi à te pro­téger enfant mais qui te font souf­frir aujour­d’hui parce que tu n’ar­rives plus à t’en détach­er.

Heureuse­ment, il y a une bonne nou­velle.
Non, tu ne peux pas arrêter d’être haut poten­tiel, mais tu peux te libér­er de tes sché­mas. Ce n’est pas facile, ce n’est pas rapi­de, mais c’est pos­si­ble. Et c’est l’essen­tiel.


Pourquoi le haut potentiel intensifie ces souffrances

Ces sché­mas sont appelés sché­mas d’i­nadap­ta­tion parce qu’ils avaient pour but de nous adapter aux cir­con­stances de notre enfance, nous pro­téger et nous ras­sur­er… Mais main­tenant qu’on a gran­di, ils sont inadap­tés, nous font souf­frir, et nous n’ar­rivons plus à nous en détach­er.

Là où le HPI a en effet un rôle à jouer dans nos souf­frances c’est à 2 endroits :

  1. Le HPI a facil­ité la for­ma­tion de ces sché­mas.
  2. Une fois que ces sché­mas for­més nous font souf­frir, le HPI inten­si­fie les souf­frances.

Quand on est hyper­sen­si­ble, on ressent tout plus fort et nos souf­frances sont exac­er­bées.

Et quand on est HPI, la machine de notre cerveau tourne vite, et elle s’emballe tout aus­si vite.
C’est-à-dire que notre cerveau qui s’emballe va venir appuy­er et en rajouter sur nos souf­frances, quand pour une per­son­ne neu­rotyp­ique la souf­france resterait hor­ri­ble, sans non plus s’emballer.


Mais c’est horrible d’être haut potentiel !

Comment la victimisation du haut potentiel cache le vrai problème

En arrivant là, tu te dis peut-être que tu n’es pas plus avancé·e… Ton HPI a engen­dré ces souf­frances, et il con­tribue à les empir­er. Hor­ri­ble, n’est-ce pas ?

Et c’est vrai. C’est hor­ri­ble. Ce n’est pas de chance. Tu n’avais rien demandé.
Tu n’es pas coupable de ton mal­heur.

Par con­tre, tu es respon­s­able de ton bon­heur.
Tu es respon­s­able de ce que tu fais de ta vie. De ce que tu en fais main­tenant.

Blâmer le monde ne te ren­dra pas plus heureux ou heureuse.
Blâmer les autres non plus.

Ce qui peut t’ap­porter du bon­heur à l’in­verse, c’est de résoudre tes prob­lèmes, un par un.
C’est de trou­ver un sens, un pourquoi, une cause qui te dépasse et te pousse à agir pour dépass­er tes prob­lèmes et ta con­di­tion afin de l’ac­com­plir, ce sens.

C’est ça finale­ment le sens de la vie.

Souf­frir main­tenant pour moins souf­frir ensuite, et quand on souf­fre, le faire pour une bonne rai­son.

Il y a 2 choses que je veux que tu reti­ennes de cet arti­cle :

  1. Le haut poten­tiel n’est pas une malé­dic­tion, tes souf­frances sont évita­bles, le bon­heur est pos­si­ble, si tu t’y prends bien.
  2. La majorité de tes souf­frances ont des caus­es psy­chologiques, et pour t’en libér­er, il faut une approche psy­chologique. C’est l’ap­proche que j’adopte sur ce site.

N’ou­blie pas non plus que ton haut poten­tiel a aus­si des forces insoupçon­nées et une capac­ité de résilience qui te ren­dent plus à même de te libér­er de ces sché­mas. Tu as peut-être reçu un plus gros boulet, mais aus­si une jambe plus mus­clée pour le tir­er.

Et si tu veux vrai­ment résoudre tes prob­lèmes, le mieux est d’ap­pren­dre à les con­naitre.
Voici mon arti­cle com­plet sur les
sché­mas d’i­nadap­ta­tion de Young :

40 sché­mas et mécan­ismes de défense qui nous manip­u­lent

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Loïc

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